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 Zabos en Thaïlande

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Zabos

Zabos


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Localisation : Entre deux guerres
Date d'inscription : 21/02/2005

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MessageSujet: Zabos en Thaïlande   Zabos en Thaïlande EmptyMer 14 Sep - 23:46

[Transcription de mes notes manuscrites lors de mon séjour en Thaïlande, décembre 2004]

20 Décembre 2004, Chiang Mai.

Ici, la vie suit son cours normalement : pas de Noël,pas de Nouvel an, pas de prises de tête décorées, pas de Pères Noëls crétins, pas de rennes. Bien sûr, ils ont leur bla bla bouddhiste, mais celui-ci étant nouveau pour moi, il n’est pas un motif de saturation.

Le même jour, Chiang Mai. Tard le soir.

Première vraie journée en Thaïlande. Cette ville de Chiang Mai est carrément rassurante. Largement plus que certaines villes françaises. Les bâtiments à taille humaine, boutiques minuscules, visages souriants, les gens plein les rues, la circulation, finalement, sont bien moins angoissants qu’un mort et aseptisé parvis de la Défense. Ici, les goûts et les couleurs ne se discutent pas, ils se vivent. Là, en plein milieu de la nuit de l’hiver thaï, j’entends une très faible rumeur de grillons, un coq, des mobylettes (l’une de celles dont grouille littéralement la ville, quelques chiens, des oiseaux indéterminés. De rares voitures. Un Gecko sympathique se profile au mur. Ces genres de lézards sont super attachants avec leur peau lisse et jaunâtre et leurs gros yeux noirs. Retranché sous la moustiquaire, je me prépare à une agréable nuit.


24 Décembre 2004, Route de Pai.

Je ne sais pas encore comment je vais pouvoir écrire sur une route si défoncée. Le bus est pire qu’en Macédoine, tout comme la route. Les portes sont ouvertes, l’engin est surchargé, les gens qui sont assis sur les marches de la porte doivent souvent se pencher vers l’extérieur tellement il y a de monde dedans. La vague place libre au sol est occupée par des sacs de riz. A l’arrière, où je suis, six places assises là où à quatre on serait un peu serrés… A ma gauche, un américain et un israélien. Sur ma jambe, un Thaï, un militaire, assis sur un sac de riz, appuie son dos. Il dort par à-coups. Lors d’un arrêt, des gens des tribus, gosses en bandoulières et sacs sur le dos, ont voulu monter. Après un tour épique dans le bus, ne trouvant plus le moindre espace de libre, ils décident de descendre. On repart.

Le soir à Pai, dans une cahute en bois. Cloîtrés dans des moustiquaires avec une meute de moustiques sanguinaires qui cherchent par où entrer. Dehors, clapotis de la rivière, des Thaïs retapent une cahute, des grenouilles coassent (mais bordel, quelle taille font-elles ? Elles font tant de bruit !). Des grillons, des oiseaux, des choses indéterminées.
C’est marrant, le bourg, à deux minutes d’ici, avec ses deux rues commerçantes, est pourtant très animé, touristique, et rempli de néo-babs irritants, illuminés et semble-t-il bien décidés à changer le monde en méditant sur les montagnes et les offrandes du lendemain.
Ils jurent affreusement dans un pays comme celui-ci, ce mélange bizarre de bouddhisme fantasmé, de syncrétisme sans but et sans aucun sens, et cette acculturation occidentale gerbante sont vraiment de trop.
Le monde avance, mais sans eux.
Dehors, le générateur pétarade et notre lumière connaît de redoutables baisses de tension… déjà qu’elle n’éclaire pas des masses.

Le bus cet après-midi était un mouroir. Pas de place, surchargé (quarante-deux personnes pour trente et une places assises et tout l’espace libre occupé par des sacs de riz et des sacs de trucs), il s’est traîné dans les cols à dix à l’heure, au sens premier du terme.

Le même soir, mais déjà le 25. Il est 0H10. soirée chez Guy au resto français « Chez Swann ». Soupe à l’oignon, carbonara (on a connu plus français) et le café inévitable pour Noël. Scène incroyable : Les Occidentaux du lieu qui zonent en tas dans les rues en chantant « Merry Christmas » et « Holly Night » avec des bonnets de Pères Noëls. Et les Thaïs locaux qui les photographient. Je note, et c’est ironique, à quel point les Occidentaux ont auprès de « leurs » immigrés une exigence « d’intégration », mais aussi à quel point quand ce sont eux les étrangers, il n’est pas question pour eux de faire le début d’un effort dans ce sens.

Demain escapades en mobylettes. Je suis impatient de voir ça. Dans la mesure où les journées semblent malgré l’altitude beaucoup plus chaudes et pesantes qu’à Chiang Mai, ce ne sera probablement pas un mal. On devrait aller vers les chutes d’eau et le village du Kuomintang.

J’entends les grillons striduler en meutes compactes autour de la hutte, je suis allongé sur un très mince matelas à même le sol, une moustiquaire toute petite mais efficace me surplombe. Je pense à tous les Français que je connais qui s’empiffrent en famille. Et je me sens privilégié d’échapper à ça.

Ce soir les rues de Paï sont désertes, les Thaïs sont chez eux en cette nuit banale et les Occidentaux fourrés dans des bars comme le Be Bop ou le Mellow Yellow, en plein Christmas Eve. Les rues sont donc vides. On voit combien il y a peu de maisons en dur par la lumière qui filtre entre les murs-palissades en bambous. On distingue alors, tandis que les interstices défilent au rythme de la marche, des familles assises autour d’un repas, parfois une télévision. Je m’amuse de voir au-dessus du poulailler de certaines maisons plutôt rudimentaires d’énormes paraboles noires.

Bien, suivant Emma et Sandrine, je me voue au sommeil, espérant ne pas être réveillé à 4H du mat’ par le froid (cahute en bois = aucun chauffage, aucune isolation et je dors de plus à même le sol… je pense que là vers 0H30, il fait environ 8°C. C’est pas –encore- la mort).

25 Décembre 2004

Le sol transpire dans un grand effort silencieux pour cracher son humidité. Il fait froid, bien qu’il soit 9H40. Une brume intense, que le soleil commence tout doucement à déchirer, recouvre le coin, la rivière dérive dans tout ça.

Paï est calme, les farang soit dorment encore, soit sont partis tôt en rafting, randos et autres délices. Dans la rue, verre cassé, dans le camp, tasses et papiers de café abandonnés par nos voisins américains. Les villes thaïs sont affreusement sales, mais une saleté plus logique, plus cohérente, sans arrogance. Je ne saurais expliquer ça. Depuis plusieurs heures, les Thaïs s’agitent, clouent, scient, assemblent, tout le long de la rivière ils construisent des bâtiments, plates-formes et autres choses en bois.
Mon regard tombe toujours sur les papiers laissés en tas par les Américains. Même leur hutte est dégueu, ils n’ont pas plus de respect pour eux-mêmes que pour autrui. Des veaux qui beuglaient des chansons connes à sept heures du mat’. Ils se crûrent centre du monde lors même qu’ils n’en étaient que le trou du cul.

Paï. Back from Hot Springs. Je me suis foutu sur un poteau avant le village avec la mob, sans même savoir comment. Je roulais droit, normalement et puis pouf, le poteau, qui comme de bien entendu n’était pas là une seconde avant, s’est soudain retrouvé là. La 125 a pleuré sa mère : phares et carénage défoncés. Moi ça va. Deux trois plaies au bras et l’épaule en vrac suite à un triple salto rearback triple 180. Non ? Alors c’était pas si héroïque que ça ?
Bref.
Un gadin assez net qui m’a pris en traître. Joyeux Noël !
Et dans même pas une demi-heure, yop, c’est reparti !

Paï, dans un resto. Pseudo néo-zélandais. Incursion cet après-midi en mob dans la campagne, passage par Ban Namhu, Ban MoPaeng, le village chinois du Kuomintang et enfin Yapo.
Yapo était un village de basse montagne. Rues en poussière, air en poussière, opium en poussière au sommet d’une redoutable côte que les petites 125 gravirent en crachant leurs poumons.
Yapo. Les enfants à la peau foncée disent bonjour à la porte du village en bambous. Dans l’autre sens, ils crient et font mine de nous chasser… ils jouent sur un tas de terre qui, sous la porte du village, bloque la voie (qui vient de parler de voie sur cette piste en terre ? Moi ?). Les maisons sont sur pilotis sous lesquels les buffles et les poulets vivent en harmonie avec la poussière et les humains. Pauvreté… dur à dire, dur de comprendre quel est le standard dans une campagne montagneuse au nord de la Thaïlande, dur d’imaginer ce que ça peut signifier de vivre ici.
Malgré la base militaire voisine, malgré un check point laxiste à Ban Namhu (village Lisu) tenu par un militaire, tout seul, souriant, neuf villageois sur dix proposent de l’opium. Un « hello » puis un geste de fumette qu’il suffit de décliner. Les jeunes, les enfants, les femmes enceintes en proposent.

Retour en ville. Les Occidentaux portent toujours leurs bonnets de Père Noëls. Je préfère me taire.

Paï, bar le Be Bop. Gang de motards, les « Formulate Chiang Mai ». Bourrés comme des coings au mekong, pas du meilleur effet. Ils sont marrants, remuants, mais restent un gang de bikers qui, pour paraphraser le Dude, sont comme Metallica des gros cons. N’empêche, je me sens un peu chez moi. Suis-je un gros con ?
Question à creuser.
« La communauté des rockers » : ça existe, en un sens. Ce n’est pas la seule communauté musicale. Pas la mieux. Juste, elle existe un peu. Le premier groupe a commencé sur « Pride and Joy » de Stevie Ray Vaughan, mais le batteur est mou du cul et ses peaux pas tirées du tout. Cela dit, ça m’arrache un grognement de contentement entre deux gorgées de bière.
C’est délirant cet endroit, si près de l’apparence misérable de Yapo… ça grouille, ça hurle, ça crie, ça boit, ça rit, ça drague en se tenant aux lampadaires pour ne pas se vautrer.

Je descends aux chiottes et pisse face à une affichette parodiant les pubs américaines des 50’s. « Brenda’s new condom » est inscrit au dessous de l’inévitable mannequin en corset et seins obus. Elle tient à la main une chaussette brune de crasse. Rock or die, comme chantait l’autre idiot. Les pissotières des bars rock sont des sortes de calme au milieu de la tempête, l’œil du cyclone, là où l’alcool s’évacue et que la sueur devient froide sur la nuque. Les pissotières des bars rock, qui résonnent des vibrations étouffées des basses fréquences des enceintes, sont les seules au monde où je me sente complètement à l’aise, à la maison, sans avoir cette gêne étrange que l’on a dans des brasseries de centre-ville où l’on n’urine qu’entre gens biens.

Je note que le très fantasmé côté « diabolique » du blues rock trouve ici ses limites avec le portrait du roi, discret mais bien réel, qui domine la salle, le mekong, la bière et les motards déchaînés.

Un groupe de reggae, le second, se pointe, mais pas intégriste du reggae, donc pas chiant, et il arrive même à faire danser les steaks motards moustachus. Ou le groupe est excellent ou les bikers thaïs n’ont aucune valeur… en même temps, bourré comme eux, je danserais sur n’importe quoi. Où va le monde ? Hi hi hi… il s’est noyé dans une cannette de Singha. Et c’est tant mieux. C’est joyeux et mélancolique.

Retour du Be Bop, un peu jouasse et bièreux. Les rues de Paï à minuit sont désertées par les humains en dehors de rares spécimens cuités, mais deviennent grouillantes d’une quantité étonnante de chiens errants, mais pour peu que l’on ne s’intéresse pas à eux, la très grande majorité font de même et sont inoffensifs.
Voilà.
Güte nacht ljudi.
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éké
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MessageSujet: Re: Zabos en Thaïlande   Zabos en Thaïlande EmptySam 24 Sep - 9:36

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wanshen

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MessageSujet: Re: Zabos en Thaïlande   Zabos en Thaïlande EmptySam 24 Sep - 12:46

c'est vrai ça..

tousensemble :mdrmaisphoto
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