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 Actions du 29 mars 2006 [Nancy et ailleurs?]

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2 participants
AuteurMessage
Zabos

Zabos


Nombre de messages : 7159
Localisation : Entre deux guerres
Date d'inscription : 21/02/2005

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MessageSujet: Actions du 29 mars 2006 [Nancy et ailleurs?]   Actions du 29 mars 2006 [Nancy et ailleurs?] EmptyVen 31 Mar - 15:43

Le matin, peu avant le début des cours, je débarque à la gare de Toul pour aller voir comment se passe le blocage du lycée Majorelle. Il fait gris, il bruine, Toul est une ville toujours aussi belle, mais paradoxalement toujours aussi déprimante. Je galère un peu pour trouver l’établissement, je m’égare dans quelques ruelles. Et puis le voilà. Barricadé, des jeunes emmitouflés dans d’épais manteaux et couvertures montent la garde, adossés aux palettes et au bordel généralisé qui bloque l’entrée principale. Ils ont l’air de zombies, voilà trois jours qu’ils tiennent les lieux jour et nuit. Il fait froid, les braseros qui flambent devant font du bien.

Au début des cours, un groupe de lycéens très restreint, visiblement proches de la députée sarkozyste du coin, forcent l’entrée arrière. Heurts très brefs, les grévistes cèdent pour éviter une confrontation lus large, car une cinquantaine de lycéens neutres jusque là arrivent pour leur prêter main forte. Les couillons entrent en jubilant. L’un des grévistes me fait part de son dégoût : « ils n’ont même pas assisté à l’AG décidant ou non du blocage. C’est facile après de venir gueuler que c’est pas démocratique ».

Finalement, les professeurs font savoir dix minutes plus tard qu’il n’est absolument pas question pour eux de faire cours sous protection policière. La journée de cours est annulée, le blocage continue et les héros de la France qui travaille ressortent un peu penauds. Les flics remballent les gaules, seuls quelques molosses en civil restent au coin de la rue guetter la scène avec un air de ne pas y toucher :
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Retour fac de lettres à Nancy après une heure en car pour revenir de Toul. J’arrive à la fin de l’AG qui réunit encore une fois pas loin d’un millier d’étudiants, je ne peux même pas rentrer. Pause sandwichs, financés par la caisse de grève qui marche pas trop mal, et réunion pour les consignes de l’action de l’aprem’.
Nous voilà sortis à 300 pour bloquer trois carrefours dont deux importants aux abords de la fac. Nous les barricadons modestement avec tout ce qui nous tombe sous la main. La fac et le quartier en général sont vidés de leurs poubelles, on récupère des grilles, des palettes, des tas de bordel et des poubelles pleines de grava et de caillasse. On installe tout ça. Petit flottement, les flics mettent du temps à arriver, et comme ce n’est pas dans le rituel, ça inquiète, paradoxalement. Finalement, une estafette et une voiture devant chaque barrage, les flics sont peu nombreux, très attentistes. Ils détournent les voitures, mettant quand même 40 bonnes minutes avant de se dire que ce serait pas con d’intervenir un carrefour précédent plutôt que de laisser les caisses s’accumuler devant les barrages.

Sur le barrage en haut de la rue de Verdun, nous dégottons des planches avec des clous que, tous contents, nous déployons devant les barrages. Les automobilistes sont fatalistes, voire neutres. La minorité de ceux qui râlent le font toujours très très agressivement, tentant de forcer les barrages, au risque de percuter des gens. Ambulances, transfusions sanguines etc… on laisse passer, en utilisant les ros bacs à roulettes comme portes.

Au bout de 15 minutes, il n’y a plus aucune voiture autour de la fac. Nous faisons un va et vient constant pour garder le contact entre les barrages, toujours groupés car la BAC rôde dans le quartier.

Ça dure deux bonnes heures, il flotte, mais à peu près tout le monde reste, quelques-uns même arrivent en cours de route. L’un de mes anciens profs d’histoire nous rejoint même. Les chauffeurs des bus bloqués, majoritairement hilares, viennent taper la causette tranquille et fumer une clope. Ils nous demandent s’ils peuvent aller aux chiotte de la fac, bien entendu, on les y emmène.

Puis, on est mis au courant que les CRS s’agitent vers leurs casernes. On replie immédiatement le barrage le plus éloigné, on se regroupe. Une dizaine d’estafettes arrivent, et on replie immédiatement sur la fac afin de sauver le matériel de blocage. Commence un exode massif et surréaliste de jeunes arpentant les rues et tirant ou poussant des poubelles, des palettes, des grilles… on stocke le tout à la fac.

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Puis, le prof d’histoire déjà cité organise une conférence improvisée d’une heure sur l’histoire du syndicalisme et des idées socialistes. Il fait son show, bon enfant, vraiment, et chauffe les foules sans retenue. Il nous prouve par A+B, textes à l’appui, que, en tous cas sur le papier, puisqu’en pratique ça n’a jamais disparu, le CPE et le CNE font remonter le droit du travail à ce qu’il était avant 1864. Putain, je reprends un argument vu dans un journal du PS, amis n’empêche, le gouvernement « a le courage de faire des réformes », sauf que le réformisme intègre une notion de progrès social, et pas uniquement de modification de la loi. Une modification de la loi n’est pas forcément une réforme, elle peut aussi être une régression.

En bref, après avoir bien chauffé tout le monde, nous ressortons avec notre matos, et vers 17H30, allons bloquer le très vaste carrefour du square Godefroy de Bouillon, voisin là aussi de la fac, ainsi que la station essence voisine.

Là, vu l’heure de pointe, et surtout le facteur Esso perd de sous, soit une violente entrave de notre part à la « liberté du commerce », hu, les CRS sont arrivés très très vite, et déjà plus belliqueux, à peine descendus de leurs cars, ils s’équipent ostensiblement, montrant bien clairement les lacrymos et les flashballs qui passent de main en main. Les lignes se forment les automobilistes bloqués juste à côté ne trouvent pas ça trop drôle, puisque dans le bordel inextricable du carrefour bloqué depuis vingt minutes, un assaut avec toutes ces armes joyeuses risquerait bien d’érafler quelques peintures… c’est à notre avantage.

Les flics dégagent en premier lieu la station essence que nous ne défendons pas, car tactiquement nous ne sommes pas assez nombreux pour la tenir elle et le carrefour. En même temps. D’autre part, nous éclaterions beaucoup trop nos forces (faut que j’arrête les jeux de stratégie moi). Mais face à la station, nous tentons de renforcer la barricade, car si ça part en couille, c’est là qu’elle couvre la retraite vers la fac le temps que ceux qui sont à l’autre bout du carrefour soient repliés. Les plus proches du point qui commande la retraite, en l’occurrence aussi les plus proches de la zone de repli, doivent aussi être ceux qui partent en dernier. Sinon on se retrouve dispersés pendant une charge et bonjour les arrestations. Cela dit, tactiquement c’est bien beau, mais en pratique, on tenait pas ce point plus de 15 secondes, et encore si y’avait une charge. Les écharpes, keffieh, autres protections, dont masques remontent sur les visages, sérums, dacryum passent de main en main. Je suis totalement hypnotisé.

La majorité des gens présents devenaient très fébriles, et à juste titre. L’esbroufe des CRS est très efficace. Un bus qui manœuvre à la nimp’, et peut-être pas par hasard vu les excellents contacts que nous avons avec les chauffeurs de bus (la CGT à Nancy est très présente dans les transports en commun et leurs grèves locales sont en général dures et longues) se fout en travers entre une ligne de CRS et nous. On en profite rapidement pour calmer les gens qui flippent trop, répit inespéré, et surtout les empêcher tant bien que mal de fuir à l’arrache vers la fac en ordre dispersé, ce qui foutrait tout le monde, y compris eux, en danger. Il faut faire usage vite et bien de beaucoup de psychologie, rassurer les plus inquiets. Visuellement, c’est vrai que c’est impressionnant, entre la trentaine de déterminés en première ligne, masqués, face au CRS à 50m, attendant un ordre qui ne viendrait, je m’en doutais, qu’en cas de provoc’ physique. D’où le fait que je jouais le rassurant pariant sur le fait qu’ils ne lanceraient la charge à court terme que s’ils se prenaient le moindre truc dans la gueule. Les étudiants les plus déterminés faisaient face, mais sans insultes, sans rien balancer. En attente. C’était même étrangement silencieux sur le barrage même.

Un accès très étroit restait libre vers la fac, une porte, pour 200 à 300 personnes, c’est limite. Du coup, toujours profitant du bus qui manœuvrait, le barrage le plus éloigné, de l’autre côté du vaste carrefour, se replie, chose qu’il fallait absolument faire avant que certains paniquent vraiment, ou que quelqu’un balance une caillasse. Le repli met dix minutes à se faire, très lent, nous faisons tout notre possible pour que tout le monde reste groupé, pas évident, un gars de la coordination étudiante d’ailleurs me saoule un peu, il parle aux gens comme s’ils étaient en maternelle, d’abord, et ensuite, ultra flippé, visiblement le trouillomètre à zéro. Pour un encadrement, même spontané, c’est assez catastrophique. Ça se détend petit à petit, on atteint les premières grilles de la fac, ce qui était, ne soyons pas naïfs le plan sur lequel pariaient les officiers des forces de l’ordre, quand éclatent des provocations verbales violentes, tandis que les flics démontent les barrages en soulevant les poubelles à bout de bras et en les éclatant sur les trottoirs, en détruisant un certain nombre. Je m’attends à ce que la presse nous fasse retomber ça dessus… ce ne ser pas le cas.

Les flics ne répondent pas aux provocs, nous sommes dans l’enceinte de la fac, quoique très vulnérables encore, mais ça les gratte, les regards très noirs qu’ils lancent montrent que beaucoup sont touchés individuellement par les paroles de certains étudiants. Le jour où ils auront un ordre de charge, je pense que deux trois CRS vont sévèrement avoir besoin de se lâcher. Pour cette phase, peu de photos, bikoze grosse pluie, mais aussi situation tendue, et j’étais au milieu. Ces derniers jours, ils ont interpellé en pleine rue des gens après les manifs qui avaient pris des photos des affrontements avec les « casseurs » (terme qui veut dire vraiment tout et n’importe quoi), généralement dans la demi-heure suivant le truc. Embarqués donc en rentrant chez eux à pinces, au poste, pelloches ou cartes mémoire détruites, puis relâchés. Et de tout façon, j’avais vraiment autre chose à faire que de prendre des photos…

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Voilà voilà.

Je viens d’appeler, le lycée Majorelle à Toul est passé en blocage partiel, mais environ 150 élèves sur 1200 sont en cours.

Comme je l’ai déjà dit, est-ce que tout ça est efficace à long terme, à grande échelle, utile, justifié ou quoi, je crois que je m’en fous. C’était juste bon de faire et vivre des trucs avec des gens au lieu d’aller bosser comme un con.
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Askatom




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MessageSujet: Re: Actions du 29 mars 2006 [Nancy et ailleurs?]   Actions du 29 mars 2006 [Nancy et ailleurs?] EmptyVen 31 Mar - 19:54

J'écrivais un super truc sur la manif sauvage que j'ai fait avec des gens de mon lycée et mon ordi a planter !
Fait chier !
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