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 Ne Ratez pas ma mort ce soir au 20h

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Mitch Pallavas

Mitch Pallavas


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Date d'inscription : 16/11/2007

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MessageSujet: Ne Ratez pas ma mort ce soir au 20h   Ne Ratez pas ma mort ce soir au 20h EmptyMar 12 Aoû - 22:08

A cette heure-ci, mon corps n’attire plus que les mouches, de toute façon il n’avait jamais attiré grand-chose d’autre de mon vivant … Malgré cela, j’avais de quoi être heureux : des parents de droite, une famille ouvertement raciste, un gouvernement libéral, et contre toute attente, pas mal de choses on mal tournées dans ma vie, après tout, je l’avais bien cherché.

J’avais une vie de jeune semblable à des milliers d’autres : je buvais des bières bon marché, je faisais des blagues sexistes, à cela près que je ne l’étais pas, contrairement aux personnes que je croisais trop souvent dans la rue. J’errais souvent sans but au milieu des affiches du FN qui jaunissaient en centre ville, sans que personne n’ait l’idée de les arracher afin de montrer un semblant de contestation. Avec le recul, ce n’était pas un manque de contestation, mais un trop plein d’approbation qui envahissait les gens. Alors, sous les regards ébahis des badauds, je faisais le sale boulot.

Comme tous les cinq ans, la mascarade électorale se mettait en place. Les politiques envahissaient la télévision et les journaux, se prenant les idées les uns aux autres. Le nabot prenant les idées du borgne et la gourde prenant les idées du nabot. Pendant ce temps, le facteur faisait sa tournée.

De toute façon, je savais déjà que mon vote se résumerait à tenter de faire élire le moins pire, comme d’habitude, sauf que cette année la menace d’un nazi arrivant à l’Elysée était bien réelle, sous couvert d’un libéralisme exacerbé, et avec une opposition digne d’une feuille en papier tentant de retenir un A380 sur la piste d’envol, je commençais très sérieusement à flipper ma race.

Le coup people de la révolution orange version indécise n’ayant pas changé grand chose, le duel entre la gourde et le nabot a eu lieu, et pour parfaire le tableau personne ne s’en insurgeait. J’appréhendais ce moment, ce fameux soir où à coup sûr j’allais être déçu. Déjà que de voter pour une gauchiste me répugnait, j’allais en plus devoir assister à son élection, ou pas, voir son échec, voir le nabot élu, et hop cinq ans de galère.

Pour changer, ce soir là je faisais la bringue, peut-être qu’inconsciemment je voulais déjà boire pour oublier avant même les résultats. Je comptais bien me caler dans le canapé pour suivre en direct les jubilations des journalistes, qui après avoir fait leur décompte de merde, vont nous annoncer la nouvelle. Mais au final, on a préféré passer un bon moment entre potes, peut-être un des derniers pour moi, et ce fut un bon moment, tellement bon que l’élection nous est complètement sortie de la tête, il n’y avait que la bière et nous, puis, le terrible retour à la réalité : un SMS arrive sur le portable d’une amie « Bravo Sarko », et là, je suis tombé de haut, bien évidemment je m’en doutais, avec le nombre de crétins en France et le matraquage de la télévision. Une chose comme ça se devait d’arriver, mais malgré tout je niais, je n’en voulais pas.

Et au final, cela n’a pas gâché la soirée. La bière a vite pris le dessus, et l’ambiance et les copains aidant, le choc des résultats était repoussé au lendemain. Et là, le retour à la réalité fut plus une augmentation significative de la haine des autres qu’un cri de protestation dans la rue réprimé par des policiers. A partir de ce moment, il était clair que quelque chose allait se passer, je le savais, mais jamais l’information ne m’est venue consciemment à l’esprit.

Et comme si les idées du nabot d’avaient pas suffisamment pollué les ondes pendant la campagne présidentielle, les mesures pleuvaient comme des grenouilles sur la côte est après un ouragan. A croire que le nabot cherchait une révolution qu’il pourrait mater à grands renforts de gaz lacrymogènes et de bavures policières, un salaire qui augmente démesurément, pourquoi faire simple quand on peut faire impensable ?

Avec des pseudos arguments, comme la carte joker de la transparence des dépenses, on fait croire au peuple que les abus sont terminés … et lors d’un repas avec ma famille de droite, m’insurgeant comme d’habitude contre les répliques nauséabondes des invités, un de ces fils de pute à sorti à mon père « C’est dur d’élever ses enfants hein ? »

Et lui d’acquiescer évidemment. Evidemment, élever ses enfants comme des bons petits Sarko c’est dur, leur donner la bonne parole de droite, leur expliquer que si on ne peut pas se payer une grosse voiture c’est parce que les fonctionnaires ont tout l’argent, et que les immigrés prennent ce que les fonctionnaires n’ont pas daigné prendre, que si papa ne peut pas se payer son super ensemble de pêche à 4000 euros c’est la faute des étrangers qui font de la concurrence à son entreprise. Et comme réponse universelle à l’insurrection infantile que je tentais à chaque réplique : « Ah c’est dommage que tu n’as pas fait l’armée ça t’aurais fait du bien » ; bien évidemment, encore une vérité universelle, obéir aux ordres sans réfléchir c’est évidemment la solution à toute insurrection, annihiler toute initiative personnelle qui ne vise pas à détruire son prochain c’est assurer son pouvoir.

Alors évidement, dans un environnement pareil, la distance qui me séparait d’un dérapage total se réduisait d’autant plus vite que le rythme des remarques puantes s’intensifiaient. Chaque jour dans le train, je commençais à m’imaginer démolissant le portrait d’un gamin qui me regardait trop fixement, ou violant une fille habillée un peu sexy, après tout pourquoi pas ? On laisse bien des dictateurs en liberté, alors entre un viol et un meurtre, je suis le plus innocent du lot.

En y réfléchissant bien, c’est ce qui pourrait arriver de mieux aux gens, ça les sortirait un peu de leur merde quotidienne, où les médias les bombardent d’images de morts, agissant comme des vautours avec le malheur des gens, comme si la charogne du bonheur était la véritable information, et que la relation de cause à effet n’était que secondaire, plus on fait dans le sensationnel, dans le gore, plus on vend de journaux.

Alors pour une fois voir le malheur et la violence en vrai, ça leur ferait peut-être tilt dans le cerveau, peut-être qu’ils se diront enfin : « Putain ça craint la violence quand même, se passionner pour ça c’est mal » ; mais après c’est une utopie à laquelle moi-même je ne crois pas, la vraie nature de l’homme est de ne pas bouger, rester seul, s’isoler au maximum et jamais au grand jamais n’établir de contact avec un autre être humain si l’on est pas obligé. Et pour cela et pour leurs idées racistes, je les hais tous autant qu’ils sont. Et un jour ou l’autre ils le comprendront. Et cela ne se fera pas dans le calme, mais devant les caméras, que les journalistes consomment ma mort, comme celle de tous les autres, et cela avec l’immense avantage de ne pas avoir à demander mon autorisation.

La vie continuait son cours, et grâce à de bonnes relations, l’idée d’un massacre quittait peu à peu mon esprit. Mais finalement, avec le recul, cette idée ne m’avait jamais vraiment quitté, elle était enfouie sous quelques bon souvenirs de parties de sexe torride, de cuites avec des gens que j’aime, et parfois les deux en même temps. Et un soir, il y a eu ce concert, tout se passait bien, la musique était bonne, l’ambiance cool, les amis au rendez vous et la bière aussi, comme toujours. Mais bien évidemment rien ne pouvait bien se passer, sans embrouilles …

On buvait des bières, assis contre un mur, un peu à l’écart de la masse histoire de pouvoir respirer tranquillement, sans avoir un bourré relou sur le dos. Et la on a entendu des cris, genre cris de bagarre, et là, et j’en ai terriblement honte, on s’est fendu la gueule, on s’est dit : « Bah comme d’habitude c’est des potes bourrés qui se battent » ; comme cela continuait et qu’il y avait des cris plutôt horrifiés, on s’est dit qu’on irait voir, histoire de rigoler un bon coup en voyant les copains se taper dessus. Le gros problème, c’est que ce n’était pas deux copains qui se battaient, mais un copain qui se faisait tabasser par deux autres mecs. On retrouve notre pote couvert de sang, inconscient, contre une voiture. Et là, c’est la panique générale, un groupe commence à courir après les mecs, mais au final on nous dit de nous calmer pour éviter des ennuis au bar. Du coup on prévient les secours, et on tente de gérer la situation.

Jusque là, mise à part notre stupidité évidente qui a valu à notre pote un nez cassé et une belle frayeur, il n’y avait rien de très grave. Puis des gyrophares sont arrivés, on croyait à une arrivée rapide des secours, et au final non. Bien évidemment cela ne pouvait pas marcher comme ça dans un pays dirigé par un nazillon en puissance. Non, les gyrophares étaient ceux d’une camionnette de flics, alors bien évidemment un grand sentiment de sécurité nous a envahis. Je cours vers eux, leur demande en panique s’ils ont une trousse à pharmacie ou quelque chose du genre, pour administrer au moins les premiers soins au blessé … Bien évidemment ils n’en n’ont pas, ils ne sont pas là pour ça, ce sont des policiers, payés pour faire de la répression, pas jouer au football avec les gamins des cités.

« Bonjour monsieur, vous allez bien ? Vous avez l’air salement amoché, on va rappeler les secours pour qu’ils se magnent, ça à l’air plutôt grave, quoi vous avez perdu connaissance ? Oula mais il faut qu’ils se magnent vraiment alors, si vous avez une commotion c’est super risqué pour votre vie ! »

Enfin ça c’est la version qu’on aurait tous voulu entendre. Au lieu de cela on à eu droit à : « Bonsoir, bon c’est quoi votre nom, votre prénom et votre adresse, qu’on prenne la déposition ? » Et la se fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase, les pompiers ne sont arrivés qu’au bout de 20 minutes, alors que 3 minutes ont suffi pour avoir les flics sur le dos.

La soirée a ensuite suivi son cours, et on a fini par retrouver le sourire, au final on arrive toujours à se fendre la gueule, même si la situation est grave.

Mais le lendemain au réveil, une chose était claire, le moment était venu de déraper, comme prévu. Exploser comme jamais je n’avais osé le faire. Plus aucune retenue. Plus de subconscient pour me dire que telle ou telle chose est mal. Non, il n’y a plus que les instincts primaires de destruction de l’autre, de l’état et de moi-même.

Et tant qu’à le faire devant les caméras, autant faire ça comme dans un film, avec de la musique et des répliques qui pourraient devenir cultes. Alors j’ai fait le tour de mes disques : du death métal ? Non, la thèse sataniste viendrait ternir l’analyse de mon action. Calavera ? Non, du hip hop pourrait aussi être utilisé contre moi. Du classique genre Mozart ou Beethoven ? Non, j’allais tuer des gens pas tourner un blockbuster. La solution était simple : du trash, du Slayer, en l’occurrence.

Ensuite l’arme, il fallait quelque chose de spectaculaire, mais aussi quelque chose d’efficace. Un massacre ne s’improvise pas, attaquer un nazi de cent-vingt kilos avec une cuillère en bois n’a pas vraiment d’intérêt. J’ai opté pour un couteau de cuisine, aiguisé la veille par mon géniteur, complice sans le savoir du massacre filmé le plus barbare de ces cinq dernières années. Après l’avoir dissimulé sous mes habits, j’ai été en centre-ville, à l’heure de pointe, à l’arrêt central du tramway. Le soleil était au beau fixe, idéal pour voir couler le sang.

Cependant, je devais gérer mes coups, tuer des gens c’est bien beau, mais si je ne vois pas la réaction des autres personnes cela n’a aucun intérêt. Avec un peu de chance, il y en aurait un qui me filmerait avec son portable, et il se désignerait par la même occasion pour être la prochaine victime.

Le premier coup étant important. Il me fallait savoir gérer la peur, ainsi que prévoir une échappatoire pour la suite des événements. Le prochain tramway qui passerait sans s’arrêter était prévu dans 4 minutes, à la fois terriblement long et terriblement court, d’autant plus que je n’avais aucune idée du temps qu’il fallait pour tuer quelqu’un. Qu’importe. J’apprendrai sur le tas. Je réglais la musique sur « Reign In Blood », pour que le tableau colle parfaitement, et je repérai ma première victime : un adulte bedonnant, portant un t-shirt de l’équipe de France. Je m’approchai de lui discrètement, jusqu'à lui souffler à l’oreille « C’est quand même con, si t’avais mis un autre t-shirt ce matin tu serais resté en vie » ; je ne sais pas si à ce moment la j’ai réussi à imiter la voix de Bruce Willis, mais en tout cas la phrase me semblait très appropriée et digne d’un mauvais film de Besson. Puis j’ai levé mon couteau en l’air, en criant : « Préparez les caméras, j’ai un couteau et je vais tuer ce gros con ! »

Le gros beauf qui n’avait pas fini de se retourner eut enfin un autre regard que celui d’un bœuf en fin de vie … et j’eu enfin ma satisfaction, mon petit fantasme se réalisait. Je voyais la peur dans ses yeux, et de ce fait, je pouvais enfin le tuer. La lame s’enfonça à merveille dans son cou, et le raisiné commença à couler, aspergeant rapidement la dizaine de personne qui entoura le désormais défunt. Puis immédiatement : les cris, la panique … le troupeau qui sent le danger et qui cherche à fuir. Mais eux ne réfléchissaient pas, et n’avaient pas prévu qu’ils auraient à courir, leur démarche était donc désordonnée au possible, ils se marchaient les uns sur les autres. Et bientôt ils tueraient plus de gens en les piétinant que moi en les poignardant. Les petits actionnaires de merde avaient peur, les prolétaires aussi : plus de classes, plus d’inégalités, tout le monde était terrifié par le vilain monsieur habillé tout en noir qui venait de découper la gorge d’un autre monsieur avec une lame de 30 centimètres.

C’était le moment de faire une autre victime, sans choisir cette fois-ci, ainsi que pour tous les autres. Je n’avais plus de temps à perdre, le tramway n’allait pas m’attendre. Mon couteau allait donc au hasard se planter dans la chair molle des gens, qui en plus de la peur ressentait maintenant la douleur, et sentaient la vie les quitter … et ils devaient se dire d’un coup : « Putain merde je meurs, qu’est-ce que j’ai fait de ma vie ? » Du moins j’espérais qu’ils pensaient quelque chose du genre, mais il y avait de fortes chances pour que cela ressemble plutôt à : « Putain de merde je meurs » ; tout court, mais ce n’était pas si mal. Un coup d’œil rapide sur les yeux des gens me remplit de bonheur. Leur vie avait changé, leur quotidien de merde s’était brisé, et le mien aussi par la même occasion. Et pour certains chanceux, leur quotidien s’était arrêté. Il était temps de sortir une phrase de fin avant de clore l’événement. N’ayant pas réfléchi à cela, la seule chose qui me vint a l’esprit fut : « Regardez la télévision ce soir, vous vous verrez sûrement au JT de TF1 ! » ; tout comme la première cette réplique me satisfit entièrement.

Une cloche me rappela soudain à l’ordre : le tramway arrivait. Il ne fallait le louper sous aucun prétexte, sinon tout cela n’aurait servi à rien. Je courus donc vers les rails et me tranchai la gorge au moment de sauter dans le vide. Me faisant heurter de plein fouet par la rame, ma carotide fit son effet. Du sang fut répandu partout sur la place, et recouvrit la vitre du conducteur. Et ce tram ne s’arrêtant pas, il alla terminer sa course sur les corps des beaufs qui tentaient de s’échapper sans regarder où ils allaient.
J’avais enfin mon moment de gloire, les gens allaient se souvenir de moi toute leur vie. La télévision allait parler de moi pendant des jours et des jours, les policiers fouilleraient chez moi et tireront la conclusion que j’étais un adolescent perdu et manipulé par des journaux anarchistes, mais qu’importe, cela valait mon passage au JT …
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Zabos

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MessageSujet: Re: Ne Ratez pas ma mort ce soir au 20h   Ne Ratez pas ma mort ce soir au 20h EmptyJeu 11 Sep - 3:44

Merde, j'avais raté ce post.

Monsieur Mitch, pour le coup.
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laiheault

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MessageSujet: Re: Ne Ratez pas ma mort ce soir au 20h   Ne Ratez pas ma mort ce soir au 20h EmptySam 27 Déc - 3:08

Pas le courage ce soir. Deuxième tentative de lecture demain.
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MessageSujet: Re: Ne Ratez pas ma mort ce soir au 20h   Ne Ratez pas ma mort ce soir au 20h Empty

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